LEXIQUE – Itinéraire des Quinze postes

Il y a des sports où les postes donnés sont instinctivement reconnaissables : au foot, ceux qui sont derrière sont défenseurs, devant, les attaquants, et au milieu… les milieux. Facile. Trop facile là encore pour notre sport vénéré, le Rugby. Noms trop compliqués, abstraits, « tous attaquants et défenseurs », certains joueurs ont même plusieurs postes ! Un Enfer. Pour tenter d’apaiser votre agacement lorsque vous ne comprenez rien à tel ou tel poste (cela prouve que vous êtes humain) durant un match, voici une tentative de vous simplifier la vie.

Au rugby, comme au basket, chaque poste est attribué en fonction de plusieurs critères physiques (poids, taille, vitesse, puissance…) souvent inaltérables. Pour vulgariser, on ne verra jamais un joueur de 80kg rentrer dans la mêlée avec les «gros», ce serait suicidaire. Justement, commençons par ces joueurs, qui composent le « huit de devant ». Première expression, le « huit de devant » fait référence aux huit premiers joueurs, du numéro 1 au 8. Appelés les avants, ce sont les plus costauds, ceux qui sont « au front », qui plaquent le plus souvent et forment la mêlée. (photo ci-dessous)

Dans ce grand huit, tous n’ont pas le même poste. Ce serait bien évidemment trop simple. Les avants sont divisés en 3 lignes : première, deuxième et troisième ligne.

  • Première ligne (1,2,3) : composée de deux piliers et un talonneur. Tous les trois, sont les premiers joueurs à être en mêlée. Ils poussent aussi fort que possible pour prendre l’avantage dans cette épreuve de force. Dans le jeu, ils doivent aussi protéger le ballon, lorsqu’un de leurs coéquipiers tombe au sol après un plaquage adverse. A l’inverse en défense, ils « agressent » le ballon au sol pour justement le récupérer. En mêlée, le pilier gauche (1) et le pilier droit (3) se doivent de protéger le talonneur (2). Le talonneur est au milieu des deux piliers et a pour rôle de « talonner » le ballon avec son pied, lors d’une mêlée, pour ne pas perdre le ballon. La deuxième mission du talonneur, est de lancer les touches.

Exemples de piliers gauche (1): Cyril Baille, Jefferson Poirot, Joe Marler

Exemples de talonneurs (2): Guilhem Guirado, Benjamin Kayser (retraité), Dimitri Szarzewski (retraité)

Exemples de piliers droit (3): Davit Zirakashvili, Rabah Slimani, Mohamed Haouas

  • Deuxième ligne (4,5): ce sont en général les plus grands joueurs de l’équipe en terme de taille. Ils utilisent ainsi cet avantage pour sauter en touche (soulevés par les piliers) et récupérer le ballon en hauteur. Ils ont les mêmes mission de «protection et d’agression» du ballon, que les piliers, dans le jeu courant. Gros plaqueurs, mais peu souvent en possession du ballon, ils sont considérés comme des «soldats de l’ombre», même si le rugby moderne favorise leur mobilité et leur puissance. Il leur est aujourd’hui beaucoup plus demandé d’être agile de leurs mains et faire « vivre le ballon ». En mêlée, les deuxièmes lignes sont surnommés les « poutres » des piliers. Leur mission est de soutenir l’effort de ces derniers, en « calant » leurs épaules entre les piliers et le talonneur.

Exemples de deuxièmes ligne : Bakkies Botha (retraité), Sébastien Vahaamahina, Ali Williams (retraité)

  • Troisième ligne (6,7,8): ce sont les derniers chaînons du huit de devant. Le 6 et le 7 sont des troisièmes lignes aile, appelés aussi flankers en anglais, en raison de leur position en mêlée, à gauche ou à droite, des deuxièmes lignes. Dans le jeu, leur mobilité et leur puissance leur permettent d’être les plus gros plaqueurs d’un match en général. Leurs profils peuvent varier, un atout pour les équipes actuelles qui font couramment le choix d’un flanker surpuissant, et d’un autre plus agile et habile, capable de sauter en touche. Si des divergences apparaissent, leur mission reste la même : plaquer à tour de bras, protéger et agresser le ballon, et perforer les défenses. En mêlée, ils soutiennent la partie vacante des piliers et sont souvent décisifs pour orienter la mêlée, sur un côté choisi. (photo ci-joint)

Dernier avant, le troisième ligne centre (8) est souvent un joueur expérimenté. Comme ses camarades avants, il est un gros plaqueur et doit être assez puissant et rapide pour mettre son équipe dans l’avancée. En mêlée, il soutient les deuxièmes lignes et donne les consignes pour orienter la mêlée, soit vers la droite, la gauche, ou pousser en restant dans l’axe. Enfin, il contrôle le ballon avec ses pieds et peut s’en saisir, ou le donner au numéro 9, le demi de mêlée.

Exemples de troisièmes lignes aile (6,7): Thierry Dusautoir (retraité), Arthur Iturria, Richie McCaw (retraité), Julien Bonnaire (retraité)

Exemples de troisièmes lignes centre (8): Sébastien Chabal (retraité), Fritz Lee, Louis Picamoles

La session du huit de devant est finie. Et vous l’aurez compris, s’il y a des avants c’est qu’il y a forcément des arrières, couvrant le reste du terrain. Plus rapides, marqueurs d’essais réguliers, buteurs, la majorité des stars du rugby mondial sont des arrières. Chasseurs d’essais autant que chercheurs des lumières, le physique de ces derniers a radicalement évolué, au point que certains se payent des mensurations d’avants. Deuxième partie.

Lailier néo-zélandais Jonah Lomu tente de se défaire de deux défenseurs français, lors de la Coupe du monde 1999.
  • Demi de mêlée (9) : «Demi» car il fait le lien entre les avants et les arrières. Il envoie le jeu après une touche, un regroupement et une mêlée. «De mêlée» car c’est lui qui introduit le ballon dans cette dernière et peut ensuite éjecter au large. Avec le numéro 10, ce sont les cerveaux de l’équipe, ceux qui dictent le tempo, choisissant de jouer au pied, d’écarter, de rester avec les «gros» etc. Le 9 moderne doit avoir un jeu au pied précis, être rapide, pour arriver à chaque regroupement, et avoir une capacité à alterner passes courtes/longues à gauche/droite et avoir la confiance de son pack d’avants. Enfin, un très bon demi de mêlée se doit d’être rusé, d’avoir du vice et de surprendre son adversaire.

Exemples de demis de mêlée: Morgan Parra, Rory Kockott, Antoine Dupont

  • Demi d’ouverture (10): comme au football, le numéro 10 est celui qui organise le jeu, il a un peu le rôle d’un Zidane du rugby. Assez proche de son demi de mêlée et donc des avants, il peut «ouvrir» et passer le ballon aux arrières, conserver le ballon, ou bien taper au pied. Comme les numéros 9, une solide technique de passe et de pied est presque vitale pour un numéro 10. C’est en général lui qui se charge de tirer les pénalités, transformations et drops en cours de match. En défense, il est le plus exposé et souvent visé par les joueurs adverses, par son poste de « premier défenseur » après une touche ou une mêlée.

La paire de «demis» forme la charnière. Faisant le lien avants-arrières, si elle est mise sous pression ou en difficulté, le ballon ne peut pas être transmis aux arrières, ou transmis dans de mauvaises conditions. C’est en ce sens, que ces deux postes sont « charnière ».

Exemple de demis d’ouverture: Johnny Wilkinson (retraité) Romain Ntamack, Camille Lopez

  • Centres ou trois-quarts centre (12,13) : comme leur nom l’indique, ils sont en général positionnés au milieu du terrain, et reçoivent les ballons de leur demi d’ouverture. En 20 ans ce poste est sans conteste, celui qui a le plus muté, en passant de petits gabarits véloces à des athlètes surpuissants de vitesse et de force. Leur rôle est de perforer les défenses et/ou de transmettre le ballon aux ailiers. En défense, les centres ont la tâche primordiale de contenir les assauts adverses. Car si le milieu du terrain explose, cela offre à l’équipe une occasion d’essai immédiate. Enfin, ils sont parmi les plus exposés aux blessures en raison des contacts à pleine vitesse qu’ils subissent.

On parle de trois-quarts centre en référence à la division originelle du terrain en huit lignes : les avants constituaient les trois premières lignes, les « demis » constituaient les quatrième et cinquième, d’où la notion de demi (4/8), puis venaient les « trois-quarts » (6/8).

Exemples de centres: Wesley Fofana, Mathieu Bastareaud, Matt Giteau (retraité)

  • Ailiers ou trois-quarts aile (11,14): ce sont les joueurs les plus excentrés sur le terrain, en général placés au bord de la ligne de touche. Chasseurs d’essais, les ailiers n’ont qu’un but, finir les actions et marquer dans l’en-but adverse. Comme les centres, leurs capacités physiques ont sérieusement augmenté au fil des décennies, tout en restant les joueurs les plus rapides sur le terrain. Le bon ailier sait toujours bien se placer pour être en position de marquer et connaît les moments où il doit aller au centre du terrain ou au contraire rester en attente dans sa zone, tel un félin prêt à bondir sur chaque ballon. « Fusées, gazelles, éclair…» les surnoms ne manquent pas pour définir les meilleurs à ce poste.

Exemples d’ailiers: Vincent Clerc (retraité), Napolioni Nalaga (retraité), Damian Penaud, Teddy Thomas

  • L’arrière (15): fullback, en anglais, dure de trouver plus explicite n’est-ce pas ? Pour ceux qui ont du mal avec la langue de Shakespeare, l’arrière couvre la moitié de terrain de son équipe, et comble les trous en cas de déséquilibre en attaque comme en défense. Il est à la relance lorsque l’équipe adverse tape un coup de pied long et est souvent la cible des chandelles (coup de pied très haut mettant beaucoup de pression au receveur, en lutte avec un joueur adverse pour récupérer le ballon). Souvent comparé au « dernier rempart », l’arrière est un poste très stratégique, marqué par la plus grande diversité de profils physiques.

Exemples d’arrières: Nick Abendanon, Thomas Ramos, Maxime Médard

Vous le voyez, on aime simplifier les choses dans le monde de l’Ovalie, finalement.

Laisser un commentaire

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer